Chaque année, le nombre de ruptures suivies de reconstruction du ligament croisé antéro-externe du genou augmente. C’est environ 45.000 patients qui sont pris en charge en 2013 pour une rupture « primaire ». Le ski est responsable de près de la moitié de ces blessures.
Les femmes sont 2 à 4 fois plus souvent touchées que les hommes selon les sports.

La fréquence de récidive de rupture du croisé antéro-externe déjà opéré va de 3 à 15%.


     La prise en charge d’une rupture récidivante est assez différente de la prise en charge d’une première rupture.
Mis à part la distension progressive du transplant qui aboutit à un échec de stabilisation sans rupture vraie,
et la laxité immédiate, conséquence d’un échec per opératoire de la réparation ligamentaire,

deux cadres différents peuvent être observés quant à ces ruptures itératives :

  • Celui d’un sportif ayant repris les sports sans séquelles et sans restriction particulière, il s’agit alors d’un tableau qui ressemble à une rupture "primaire"
  • Celui d’une rupture survenant chez un sportif, chez lequel il persiste des séquelles. Souvent, le traumatisme causal est minime, il faut alors s’efforcer de retrouver une cause favorisante à cette re-rupture.

Il n'existe par de critères universels d'échec de ligamentoplastie. La laxité objective ne se traduit pas forcément par une instabilité ressentie par le patient.


Ces ruptures itératives sont à l’origine de grandes déceptions pour le patient car après la réparation initiale, le sportif a dû sacrifier une saison entière, la cicatrice reste parfois sensible, il peut y avoir persistance d’une certaine raideur en flexion, une appréhension aux sports de pivot contact, des douleurs et les mesures objectives de la récupération montrent qu’il existe souvent un retard de récupération de force musculaire.
Ces ruptures itératives s’inscrivent alors dans le cadre général des complications qui peuvent survenir après réparation « primaire » : en outre, complications liées à la technique et à la localisation des tunnels de ligamentoplastie, douleurs antérieures quel que soit le type de greffon et la possibilité ou non de la  conservation méniscale, qui est le facteur pronostic essentiel à moyen et long terme.



Sont considérés comme facteurs péjoratifs: l’âge important du patient, le délai important entre l’accident et les réparations, l’existence de lésions cartilagineuses isolées, l’importance de la laxité pré-opératoire, l’association à un trouble morphologique (le plus souvent en genu varum), un mauvais positionnement des tunnels initialement, une activité sportive intense en pivot contact, une surcharge pondérale, et surtout, la nécessité d’une méniscectomie associée à la ligamentoplastie.

Cette fréquence, de 3 à 15% des ruptures itératives, est à comparer à un taux de blessures contro-latérales d’environ 7%.

Une difficulté technique  est fréquemment retrouvée à l’origine d’une rupture itérative, en particulier, la difficulté de positionnement des greffons. 


Le bilan pré-opératoire de cette re-rupture doit tenir compte
- de l’anamnèse,
- du mécanisme de l’accident, 
- des données du compte rendu opératoire,
- du protocole de rééducation.
-  L'examen clinique est fondamental: bilatéral et comparatif, mettant en évidence une laxité antéro-postérieure et /ou frontale, évaluation du morphotype et des cicatrices.
- Le bilan radiographique comporte des clichés en charge, l’évaluation de l’axe fémoro-tibial, et une quantification de la laxité.
L'IRM a pour intérêt essentiellement d'évaluer d'éventuelles lésions associées, d’autant que cette imagerie peut difficile en raison de la présence de matériel métallique (vis d’interférence, agrafes…)


Au plan technique, le chirurgien doit d’abord faire le choix du nouveau greffon, le plus souvent homolatéral s’il s’agit d’un tendon rotulien prélevé initialement, parfois contro-latéral, ailleurs, utilisation des tendons ischio-jambiers si le tendon rotulien a été utilisé initialement, ou vice-versa.

Les allogreffes ne sont pas ou peu utilisées en France, et ne sont pas recommandées.

La chirurgie d’une rupture itérative du LCAE peut être effectuée en 1 ou 2 temps opératoires, l’ablation du matériel est parfois difficile. La connaissance du compte rendu opératoire initial est indispensable.

Les gestes osseux peuvent être nécessaires : comblement d’un tunnel, plastie de l’échancrure… Une ostéotomie de réaxation (valgisation le plus souvent) ou de déflexion est proposée dans certains cas.

Le protocole de rééducation: est peu différent des plasties de première intention.

Le coût peut varier d’un facteur de 1 à 7, selon que la rééducation est réalisée en hospitalisation ou en ville.


Les résultats sont difficiles à évaluer. Les reprises de greffon homologue semblent donner des résultats assez proches des plasties de première intention.

Le pronostic reste toujours associé à la conservation méniscale. La méniscectomie est en effet toujours génératrice d’arthrose.



 Au total, ces ruptures itératives deviennent fréquentes, compte tenu de l’augmentation globale des ruptures du LCAE.
L’IRM est un adjuvent de la démarche diagnostique, qui est essentiellement clinique.
Le problème essentiel est celui de la stratégie thérapeutique, il faut absolument préserver le capital méniscal et cartilagineux des genoux blessés.