Cette histoire commence sans doute par la mythologie :
Tantale, roi de Phrygie, bien que mortel est ami des Dieux.
Mais il trahit cette amitié. Pour tester les Dieux, il tue son fils, Pélops,
il le découpe, le fait bouillir en ragout
et convie les Dieux à un banquet anthropophagique.
Ces derniers cependant ne sont pas dupes,
ils repèrent la viande humaine sauf Déméter qui avale l'épaule.
Plus tard, Zeus ordonne à Hermès de ramener l'enfant de l'enfer
et fait remplacer l'épaule par une pièce en ivoire.
Ovide, métamorphoses, livre 6, vers 410-415.
Tantale enchaîné par Hermès cependant que Zeus ressuscite Pélops
d'après H Taraval, Château de Versailles
Depuis longtemps, les interpositions articulaires ont été tentées.
Verneuil A. interpose du fascia-lata, du nylon, du cellophane dans des articulations,
mais ces tentatives aboutissent à des catastrophes. In Arch Gen Med 15 (Ser.5) : 174, 1860.
Ferguson W, pour traiter l'arthrite tuberculose du genou, fait une résection articulaire.
Trop grande, ceci entraîne une instabilité
Trop petite, ceci aboutit à une fusion articulaire. Med.Times Gaz 1: 601, 1861
Le premier chirurgien à véritablement tenter une interposition prothétique est Themistocles Glück à Berlin. Ce chirurgien d’origine Moldave implante en 1890, une endoprothèse en ivoire, pour traiter une tuberculose articulaire, mais là aussi, l’infection entraîne un échec de la méthode.
Il faut attendre les années 1940 pour que Campbell WC
interpose une prothèse en vitalium dans le genou,
avant que Mac Intosh ne propose une hémi-arthroplastie
pour correction des déformations frontales.
Cette technique est publiée dans le JBJS américain en 1958.
Mac Keever en propose une version métallique dont le
problème principal reste celui de la fixation.
Il faut attendre les années 1970 pour que des prothèses bicompartimentaires (en fait, bi unicomparimentaire...)
fiables soient proposées par Gunston en 1971 (prothèse polycentrique)
Dans la même période, des prothèses à charnière de première génération
paraissent:
Waldius en 1951,
Shierss en 1954, prothèse qui sacrifie la rotule...
et surtout, Gschwend en 1970, avec la GSB semi-contrainte.
Mais ces prothèses se descellent très fréquemment, entraînent des fractures, des infections, des décès per-opératoires, si bien qu’en 2004, Goutallier rapporte :
« J’ai eu la chance d’assister à l’éclosion des prothèses de genou. Les prothèses à charnière, lorsque les opérés n’étaient pas morts en per-opératoire ou en post-opératoire immédiat, lorsque les prothèses ne s’étaient pas rapidement descellées, ne donnaient pas de bons résultats fonctionnels ».
Marc Freemann travail au London's Hospital depuis 1968, et propose en 1970,
la prothèse totale de Freemann-Swanson, comportant essentiellement
résection des ligaments croisés,
coupes fémorale distale et tibiale proximale,
stabilité par comblement de l'espace en flexion et extension,
et instrument ancillaire.
Prothèse dite ICLH (Imperial College London Hospital)
Pendant ce temps aux USA, John N. Insall
qui a fait sa médecine en Grande Bretagne,
s'est installé au HSS (Hospital For Special surgery).
Il collabore d'abord avec Freemann,
et développe avec Chitranjan S.Ranawat et Peter Walker (qui est ingénieur)
la Duo-Condylar en 1973, inspirée de la prothèse de Freemann, avec une échancrure qui permet de préserver les ligaments croisés
puis la Total Condylar en 1974.
En 1979, Insall, Scott et Ranawat publient une série de 250 cas de Total Condylar (ci contre).
En 1980, un ingénieur (Burnstein) développe avec Insall,
une prothèse stabilisée par came.
On parle de prothèse postéro stabilisée
avec une came qui facility le roll back fémoral en flexion.
D'autres propositions apparaitront dans les années suivantes:
Prothèse hyper congruente vers 1977
Concervation du Ligament croisé postérieur vers 1982
Parmi les progrès marquants des années suivantes figurent (en outre)
La modularité des implants en fonction des tailles des patients,
L'utilisation du polyéthylène haute densité...
De très nombreuses innovations sont intervenues ces dernières années:
Plateau rotatoire pour diminuer les contraintes mécaniques,
Surfaces recouvertes d'hydroxyapatite sans nécessité de "cimentage",
Chirurgie assistée par ordinateur permettant une plus grande précision des poses,
Meilleure gestion des ligaments et de l'appareil extenseur,
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